Comment reconnaître et traiter le mildiou ?

Le mildiou est une maladie cryptogamique qui peut anéantir une récolte. L’identifier permet de la traiter rapidement car une attaque peut décimer un potager en peu de temps. Il peut être confondu avec d’autres maladies cryptogamiques ; c’est pour cela que nous vous proposons de le reconnaître avant de le traiter. Des méthodes préventives et curatives vous seront également proposées dans cet article pour vous débarrasser du mildiou. 

Qu’est-ce que le mildiou ?

Le mildiou est dû à un micro-organisme longtemps assimilé à un champignon microscopique, le Phytophthora infestans. Il se développe lorsque la température se situe entre 17 et 25 °C et que le temps est humide. Ainsi, le mildiou apparaît surtout entre avril et juin, lorsque la météo alterne entre orages et chaleur. Son développement s’arrête sous la canicule. L’hiver, les spores restent en terre et attendent le printemps pour germer de nouveau. Le microorganisme pénètre à l’intérieur de la plante en développant un mycélium. Il entre via les tubercules, les feuilles, les tiges ou même les fruits. Une odeur nauséabonde peut par ailleurs se dégager. 

Il ne faut pas négliger une attaque. Entre 1845 et 1852, le mildiou a été à l’origine de “la grande famine de la pomme de terre” en Irlande. S’il n’est pas traité, le mildiou pourra détruire un potager. À l’inverse, si vous réagissez rapidement, il vous sera assez facile de vous en débarrasser et de sauver vos récoltes. 

Comment le reconnaître ?

Des taches claires ou brunes et huileuses apparaissent sur le dessus des feuilles. Les fruits brunissent également. C’est un duvet blanc qui se dépose sur le dessous des feuilles. Les zones atteintes se nécrosent puis se dessèchent et tombent. Les fruits, quant à eux, pourrissent.

Le mildiou peut être confondu avec d’autres maladies, notamment chez la tomate : 

• L’alténariose se caractérise par des taches circulaires de 4 à 7 mm de diamètre. Des taches brunes et grises apparaissent sur les tiges et les fruits sont attaqués sur la zone d’attache (appelé pédoncule) qui noircit.
• La nécrose apicale ne touche que les pieds de tomates. C’est l’extrémité opposée à l’attache du fruit qui brunit. Le mildiou, quant à lui, peut apparaître sur n’importe quelle zone du fruit.
• Le pied noir de la tomate se développe au niveau du collet, c’est-à-dire la zone entre la tige et la racine. On différencie cette maladie du mildiou car elle est très ciblée sur cette zone. 

De nombreuses méthodes préventives sont efficaces sur l’ensemble des maladies cryptogamiques. C’est par exemple le cas de l’espacement des pieds (pour l’aération) et du fait de ne pas arroser le feuillage. En revanche, il est essentiel de bien identifier le problème pour choisir la bonne méthode curative. 

Comment éviter son apparition ?

De nombreuses plantes sont sensibles au mildiou. On peut par exemple citer de nombreuses solanacées comme les tomates, les pommes de terre, les poivrons ou les aubergines. Le cerfeuil, les épinards, le melon, le poireau, les oignons, la mâche, la laitue, la vigne… peuvent aussi être touchés. Les plantes ornementales ne sont pas épargnées et les pois de senteur, les tournesols et de nombreuses autres fleurs craignent le mildiou. Il sera donc important d’observer les plantes sensibles. Vous pourrez choisir des variétés résistantes pour limiter le risque d’attaque. Les variétés hybrides F1, par exemple, sont souvent moins sensibles. 

Comme tous les champignons, un manque d’aération, un excès d’eau (notamment au niveau du feuillage) et la chaleur sont des facteurs déclencheurs. Ainsi : 

• Désinfectez vos outils avant de les utiliser au potager. Ne blessez pas vos végétaux car une faille peut encourager le microorganisme à s’y engouffrer.

• Espacez vos plantations pour favoriser la circulation de l’air. Les spores circulent aussi grâce au vent et contaminent les plants rapprochés. 
• Séparez les plantes sensibles au mildiou. Ne cultivez pas les tomates à proximité des pommes de terre, par exemple. 
• Pratiquez la rotation des cultures. En effet, les spores du Phytophthora infestans restent dans le sol pendant plusieurs années. En plantant des végétaux insensibles au mildiou, elles ne pourront pas germer durant plusieurs années et disparaîtront. On recommande d’attendre 4 à 5 ans avant de replanter une espèce sensible au mildiou au même emplacement. 
• Ne mouillez ni le feuillage ni les fruits. Les spores ont besoin d’eau stagnante pour se développer. Un arrosage au pied ou l’installation d’un système de goutte-à-goutte seront parfaits. 
• On conseille souvent d’installer un paillage pour limiter le développement du mildiou.
• Un arrosage matinal sera préférable à celui du soir, contrairement aux recommandations pour éviter l’évaporation de l’eau en été.
• Une décoction de prêle pourra être utilisée en traitement préventif. Pulvérisez-la tous les 15 jours de mai à octobre. Pour la réaliser, portez 150 grammes de prêle coupée en petits morceaux dans 1 litre d’eau. Laissez ensuite cuire à feu doux pendant 30 minutes. Le mélange doit refroidir durant 12 heures avant d’être filtré. Diluez à raison d’un volume de mélange pour 5 volumes d’eau avant de pulvériser la décoction sur vos plantations. 
• La bardane, utilisée en paillage ou en purin, est également un moyen efficace d’empêcher l’arrivée du mildiou. En purin, mélangez 100 grammes de bardane finement hachée dans 1 litre d’eau. Laissez macérer plusieurs jours en remuant régulièrement. Filtrez le mélange lorsqu’il n’y a plus de bulles. Mélangez 1 volume du mélange avec 4 volumes d’eau et aspergez vos plantations.
• En cas d’été particulièrement pluvieux, installez un abri aéré au-dessus de vos plantes les plus fragiles. 
• Ne touchez pas les parties atteintes avec vos mains avant de manipuler des végétaux sains car vous risquez de propager des spores. 

Le mildiou s’est installé, comment le traiter ?

Même si le mildiou s’installe, cela ne veut pas dire que vos récoltes sont fichues. En réagissant rapidement, vous pourrez encore déguster de délicieux fruits et légumes. Il ne faut pas que les parties comestibles soient atteintes. 

Les spores se propagent rapidement. Aussi, les parties touchées doivent être coupées et brûlées. Ne les placez pas au compost car une dissémination reste possible. 

Dès l’apparition des premiers signes, pulvérisez une infusion de tanaisie. Pour réaliser l’infusion, placez 100 grammes de fleurs dans 1 litre d’eau chaude. Laissez infuser jusqu’à ce que l’eau soit froide. 

Vous pourrez également pulvériser une solution de bicarbonate de soude (une cuillère à café), avec quelques grammes de savon noir et 1 litre d’eau. Ce mélange est efficace lorsque la maladie ne s’est pas encore propagée. 

Le purin de bardane et la décoction de prêle, utilisés aussi en traitements préventifs, peuvent être utilisés en début d’attaque visible. 

Enfin, la bouillie bordelaise est souvent conseillée pour lutter contre le mildiou. Elle est d’ailleurs autorisée en agriculture biologique. Toutefois, il s’agit d’un produit à base de sulfate de cuivre qui détériore les qualités du sol et reste toxique pour l’homme. Nous ne conseillons donc pas ce traitement dans un jardin potager.