Bouillie bordelaise : comment la fabriquer ? Quand l'utiliser ?
Rédactrice depuis plus de 10 ans, on me définit comme éco-sensible, un peu geek, littéraire, amatrice d’Art et amoureuse du « beau ». Passionnée de botanique, je cultive mon jardin en permaculture et tends vers un mode de vie zéro déchet en accord avec mes convictions écologiques.
- 14 Mar 2023, 09:04
La bouillie bordelaise est un fongicide autorisé en agriculture biologique pour traiter certaines maladies cryptogamiques, comme le mildiou et l’oïdium. Bien que naturelle, elle n’est toutefois pas sans danger. Aussi, il est important de connaître et de respecter son dosage et sa fréquence d’utilisation afin de limiter son impact nocif sur l’environnement et la santé. Voici comment fabriquer la bouillie bordelaise et quand l’utiliser.
Sommaire
Bouillie bordelaise : les précautions d’emploi
La bouillie bordelaise est un traitement fongicide naturel à base de soufre, utilisé pour lutter contre certaines maladies cryptogamiques (provoquées par des champignons). Bien que naturelle, elle n’est pas sans danger, et s’avère même néfaste, notamment pour les jardins des particuliers qui ignorent souvent les règles d’utilisation auxquelles elle est soumise.
Or, il faut savoir que la bouillie bordelaise est toxique et polluante pour le sol si elle est trop fréquemment utilisée. Elle empoisonne alors les vers de terre et les nombreux micro-organismes souterrains, ce qui engendre l’effondrement de la vie microbiologique des sols et les appauvrit. La surdose de cuivre est également entraînée vers les cours d’eau avec le ruissellement de la pluie, intoxiquant aussi la faune aquatique. Sans compter que ce produit est toxique pour l’être humain, et cela par ingestion, mais aussi par inhalation et par voie cutanée.
Quelques règles doivent donc être strictement observées si vous utilisez de la bouillie bordelaise dans votre jardin :
- Suivez scrupuleusement les doses recommandées.
- Respectez la fréquence d’applications indiquées.
- Portez un masque, des lunettes de protection et des gants à chaque utilisation.
- Stoppez le traitement quelques semaines avant le début de vos récoltes.
La recette pour fabriquer de la bouillie bordelaise
On trouve facilement de la bouillie bordelaise prête à l’emploi, puisqu’elle est vendue partout en jardinerie, chez les pépiniéristes, dans les grands magasins, ainsi que sur Internet.
Conditionnée sous forme de poudre, il suffit de lui ajouter de l’eau en fonction des dosages indiqués dans le mode d’emploi du produit :
- Remplissez à moitié d’eau un pulvérisateur.
- Utilisez le verre doseur fourni afin de doser le produit en fonction du traitement à appliquer.
- Versez la dose dans l’eau du pulvérisateur, fermez et agitez.
- Terminez le remplissage avec de l’eau et agitez avant utilisation.
Sachez qu’il est également possible de fabriquer soi-même de la bouillie bordelaise. On vous explique comment procéder.
Matériel :
- 1 paire de gants de ménage ;
- 1 masque ;
- 1 paire de lunettes de protection ;
- 1 pulvérisateur à pression ;
- 2 seaux de 10 litres (en plastique, surtout pas en métal) ;
- 1 grande cuillère en bois (ou un bâton).
Ingrédients pour environ 5 litres de bouillie bordelaise :
- 100 g de sulfate de cuivre ;
- 150 g de chaux éteinte ;
- 5 litres d’eau.
Préparation
- Versez 3L d’eau dans l’un des seaux, et ajoutez-y la chaux éteinte avant de mélanger le tout.
- Dans le second seau, versez 2L d’eau et le sulfate de cuivre.
- Mélangez ensuite le lait de chaux au sulfate de cuivre dilué.
- Patientez 24 h avant d’utiliser la bouillie bordelaise à l’aide du pulvérisateur à pression.
Quand et comment l’utiliser ?
La bouillie bordelaise peut être appliquée à n’importe quel moment de la journée, sauf par temps chaud. Dans ce cas, traitez vos plantations le matin très tôt ou bien le soir, en dehors des heures les plus chaudes de la journée.
Par ailleurs, n’utilisez jamais ce fongicide à base de cuivre lorsqu’il pleut ou que des précipitations sont annoncées. De même, n’appliquez pas ce traitement par temps venteux.
Enfin, la bouillie bordelaise est utilisée en traitement préventif ou curatif contre la tavelure, la cloque du pêcher, le mildiou, ou encore l’oïdium.
La tavelure
La tavelure est une maladie qui affecte les pommiers, les poiriers et les pruniers, causant d’importants dégâts. Elle forme alors des taches brunes sur les fruits de l’arbre, ainsi que sur son feuillage. À terme, cette maladie cryptogamique peut entraîner un ralentissement net du développement du fruitier. Malformation des fruits et pourrissement sont également des symptômes courants de la tavelure.
Il n’existe pas de traitement réellement curatif contre cette maladie. Ici, la bouillie bordelaise s’utilise comme traitement préventif.
- Comptez 20 g de bouillie bordelaise par litre d’eau.
- Appliquez cette solution par pulvérisation à l’automne, au moment de la chute des feuilles.
- Renouvelez le traitement au début du printemps, au moment du débourrement (gonflement des bourgeons).
La cloque du pêcher
La cloque du pêcher est une maladie cryptogamique qui engendre des boursouflures et des déformations du feuillage du fruitier. Elle provoque également un affaiblissement de l’arbre, une diminution de sa fructification, et elle peut même entraîner sa mort lorsqu’elle se poursuit pendant plusieurs années.
- Comptez 15 g de bouillie bordelaise par litre d’eau.
- Traitez au moment de la chute des feuilles.
- Renouvelez le traitement en février, au début du débourrement.
- Appliquez une troisième fois le produit 15 jours plus tard.
Le mildiou
Le mildiou est une maladie courante du potager qui affecte particulièrement les pommes de terre, les tomates et la vigne. Elle est favorisée par un temps humide et chaud, et se caractérise par des taches brunes sur les feuilles et les fruits de la plante, se répandant jusqu’à entraîner sa mort.
- Comptez entre 10 et 20 g de bouillie bordelaise par litre d’eau (variable selon la plante concernée).
- Pulvérisez la solution sur l’ensemble du plant, y compris sur le revers des feuilles.
- Renouvelez l’opération toutes les deux semaines (dans la limite de durée recommandée).
Lisez cet article pour en savoir plus sur le mildiou et pour découvrir comment prévenir son apparition.
L’oïdium
Également connue sous le nom de maladie du blanc et de pourriture blanche, l’oïdium désigne toute une série de maladies cryptogamiques qui affectent de nombreux végétaux. On la reconnaît à la poudre blanche qui apparaît sur le feuillage, les tiges et les fruits de la plante. S’ensuit la déformation des feuilles qui gondolent, se tordent et se boursouflent.
La bouillie bordelaise est ici appliquée lorsque la maladie n’en est encore qu’à ses prémices.
- Comptez entre 10 et 20 g de bouillie bordelaise par litre d’eau (variable selon la plante à traiter).
- Pulvérisez la solution sur la plante atteinte.
- Renouvelez le traitement tous les 15 jours (en respectant la durée limite du traitement).
Les alternatives à la bouillie bordelaise
Nous l’avons vu, la bouillie bordelaise est loin d’être une solution parfaite pour soigner les plantes du jardin. Sachez qu’il existe différentes alternatives naturelles à ce fongicide, et certaines d’entre elles sont même bien plus efficaces.
La décoction de prêle
Riche en silice, la décoction de prêle est utilisée pour lutter contre les maladies cryptogamiques qui affectent les arbres fruitiers et les légumes (cloque du pêcher, mildiou, monilia, oïdium, rouille…)
Entre mars et octobre, on l’applique préventivement par pulvérisations régulières sur le feuillage des plantes. Attention, la décoction de prêle doit être diluée à 20 % avant d’être utilisée (soit 200 ml de prêle pour 800 ml d’eau de pluie).
Le bicarbonate de soude
Le bicarbonate de sodium s’utilise tout aussi bien dans la maison qu’au jardin. Les pulvérisations de solution de bicarbonate de soude sur les feuilles des plantes, permettent de lutter préventivement contre les maladies cryptogamiques, telles que l’oïdium.
Le dosage du bicarbonate de soude est ici identique à celui de la bouillie bordelaise. Le traitement doit être renouvelé toutes les 2 à 3 semaines. Stoppez le traitement au minimum 2 semaines avant la récolte.
Le lait
Le lait (écrémé, demi-écrémé ou entier) est sans doute l’alternative la plus inoffensive qui soit. Sachez toutefois que, s’il se montre effectivement très efficace pour lutter contre l’oïdium, son efficacité est en revanche nulle contre les champignons responsables de la tavelure et du mildiou. Ici, ce sont les protéines contenues dans le lait qui agissent contre les champignons responsables de l’oïdium, détruisant le mycélium de ces derniers grâce à l’effet de la lumière qui les transforme en agents oxydants.
Le lait s’utilise dilué en pulvérisations préventives sur le feuillage des plantes. Comptez 100 ml de lait pour 900 ml d’eau de pluie. Agitez la solution avant de la pulvériser sur les végétaux, si possible tôt le matin afin d’assurer son efficacité. Renouvelez régulièrement le traitement en espaçant chaque fois les applications de plusieurs jours.
Conclusion
Composée d’eau, de sulfate de cuivre et de chaux, la bouillie bordelaise est utilisée comme traitement (curatif, mais surtout préventif) contre la cloque du pêcher, la tavelure, le mildiou et l’oïdium. Bien qu’utilisée en agriculture biologique, elle n’est pas sans danger. Renouvelé trop fréquemment, le traitement à base de bouillie bordelaise s’avère toxique et polluant pour les sols. Respectez donc scrupuleusement les doses et les fréquences d’application conseillées. Par ailleurs, traitez le matin tôt ou le soir pour éviter les grosses chaleurs, et n’appliquez jamais la bouillie bordelaise avant la pluie. Par ailleurs, préférez utiliser une de ses alternatives, comme la décoction de prêle, le bicarbonate et le lait.
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Rédactrice depuis plus de 10 ans, on me définit comme éco-sensible, un peu geek, littéraire, amatrice d’Art et amoureuse du « beau ». Passionnée de botanique, je cultive mon jardin en permaculture et tends vers un mode de vie zéro déchet en accord avec mes convictions écologiques.