Comment traiter et éviter le feu bactérien dans le jardin ?
Rédactrice depuis plus de 10 ans, on me définit comme éco-sensible, un peu geek, littéraire, amatrice d’Art et amoureuse du « beau ». Passionnée de botanique, je cultive mon jardin en permaculture et tends vers un mode de vie zéro déchet en accord avec mes convictions écologiques.
- 08 Fév 2023, 07:44
Le feu bactérien est une maladie redoutable au jardin, notamment en raison de son caractère très contagieux. Cette maladie bactérienne grave peut alors engendrer d’importants dégâts, entraînant une mort rapide des arbres et des arbustes atteints.
Voici comment traiter et éviter le feu bactérien dans le jardin, mais aussi comment le reconnaître et quelles démarches administratives entreprendre en cas d’affection.
Sommaire
Le feu bactérien au jardin, c’est quoi ?
Comme son nom le laisse deviner, le feu bactérien est une maladie causée par une bactérie : Erwinia amylovora. Particulièrement contagieuse et grave, cette maladie bactérienne peut causer la mort d’un arbre jusqu’ici en pleine santé, en à peine quelques semaines. Elle fait ainsi des ravages dans les jardins, mais aussi et surtout dans les vergers. Ainsi, celle que l’on surnomme la “maladie du feu” est particulièrement surveillée et crainte par les arboriculteurs professionnels.
Le développement de la bactérie Erwinia amylovora est notamment favorisé par l’humidité et les températures douces à chaudes comprises entre 12 et 24°C.
La maladie peut atteindre la plante via :
- différentes ouvertures naturelles (nectaires des fleurs, stomates…),
- les blessures provoquées par les intempéries (grêle, vent…) et la taille.
Le feu bactérien fait son apparition au moment où les plantes lui sont les plus réceptives, c’est-à-dire en pleine période de floraison et de croissance végétative.
Les plantes les plus sensibles au feu bactérien
Le feu bactérien s’attaque uniquement aux plantes de la famille des Rosacées. Parmi les hôtes les plus sensibles à cette maladie, on trouve les :
- Cotoneaster,
- Poirier (Pyrus),
- Pyracantha,
- et Aubépine (Crataegus).
À noter : certaines espèces, variétés et cultivars parmi ces différentes plantes se montrent d’autant plus sensibles à la maladie du feu. C’est notamment le cas de la poire passe-crassane, des Cotoneaster bullatus, salicifolius, watererii, congestus, et des Pyracantha atalentoïdes et angustifolia…
Sachez aussi que différentes autres plantes peuvent abriter et transmettre le feu bactérien, comme le cognassier du Japon, le cognassier à coings, le néflier, l’amélanchier, l’aronia, le pommier, le photinia, ou encore les sorbiers…
Comment éviter le feu bactérien dans le jardin ?
Votre meilleure arme contre la maladie du feu reste la prévention. Si vous plantez des végétaux qui lui sont sensibles, prenez donc toutes les mesures préventives qui s’imposent pour limiter les risques de contaminations.
- Optez pour des variétés plus résistantes au feu bactérien.
- Désinfectez systématiquement vos outils de coupe avec de l’alcool à 70° ou du vinaigre blanc dilué dans l’eau (50 ml pour 1 l).
- Fertilisez vos plantes à l’aide d’un engrais équilibré (l’excès d’azote stimule la croissance et augmente la sensibilité des plantes au feu bactérien).
- Évitez les arrosages excessifs, notamment ceux par aspersion.
- Au printemps, surveillez attentivement vos plantes les plus sensibles à la bactérie Erwinia amylovora.
- Observez une distance de 500 m entre les essences sensibles à cette bactérie et le verger.
- Désinfectez les plaies de taille à la bouillie bordelaise ou avec une pâte cuprique.
- Évacuez, par temps sec, les déchets végétaux des espèces sensibles. Ceux-ci doivent être brûlés.
- Supprimez, si possible, les floraisons secondaires abondantes des poiriers.
- En cas de greffe, attention à ce que les greffons de pommiers et poiriers ne soient pas atteints par le feu bactérien.
Une réglementation française pour éviter le feu bactérien
Le feu bactérien peut très facilement contaminer les vergers, les jardins privés et les espaces verts publics, passant de l’un à l’autre sans difficulté.
Aussi, en France, le feu bactérien est encadré par une réglementation stricte qui vise à en contrôler la propagation :
- La plantation des variétés les plus sensibles à la maladie du feu est interdite sur le territoire national.
- La multiplication et la plantation des autres espèces sensibles sont soumises à une demande d’autorisation.
- À l’échelle départementale et communale, certaines zones tampons définies par arrêté préfectoral font l’objet de contrôles systématiques menés sur les espèces sensibles à la bactérie Erwinia amylovora.
- En cas de contamination avérée, il est obligatoire de signaler la maladie auprès de sa mairie ou du Service régional de la Protection des Végétaux.
- En cas d’attaque forte, l’arrachage de l’arbre contaminé devient obligatoire et l’opération doit être réalisée au plus tard à la fin du mois d’octobre de l’année en cours.
Comment reconnaître les symptômes du feu bactérien ?
Nous l’avons vu, les symptômes du feu bactérien font leur apparition au printemps. Voici ceux à surveiller de près :
- Les fleurs flétrissent et se dessèchent.
- Les extrémités des rameaux porteurs de l’arbre ou de l’arbuste se recourbent en crosse et se dessèchent.
- Les jeunes pousses prennent brutalement une couleur rousse ou noire (selon l’espèce affectée) sans pour autant tomber des branches. Elles semblent alors avoir été brûlées par le feu.
- Les rameaux, les branches charpentières et le tronc sont marqués par les chancres (lésions nécrosées du tissu ligneux externe de la plante).
- Lorsqu’il fait doux et humide, une substance blanchâtre ou dorée (selon l’espèce) s’écoule des organes infectés.
À noter : les chancres peuvent être de différentes tailles et ont souvent un aspect humide. Leur surface est légèrement enfoncée et entourée d’écorce craquelée rouge, ocre ou brune.
L’évolution de la maladie du feu suit un ordre chronologique puisqu’elle atteint d’abord les fleurs avant de s’étendre aux rameaux, aux branches charpentières et au tronc de la plante. Puisqu’il empêche la circulation de la sève, le feu bactérien entraîne ensuite la mort soudaine et prématurée des branches atteintes, puis de l’arbre dans sa totalité.
Attention aux confusions
Certains symptômes provoqués par d’autres maladies et ravageurs peuvent être mal interprétés et trop hâtivement associés au feu bactérien.
- Il peut arriver que les fleurs et les petits fruits du poirier sèchent, noircissent et tombent peu après la floraison, sans que l’on observe d’exsudat blanchâtre. Si ces symptômes s’accompagnent de taches brun noir qui se répandent sur tout le feuillage de l’arbre, vous avez très probablement affaire à la bactérie Pseudomonas syringae et non à celle du feu bactérien.
- Si le feuillage de votre poirier (notamment de la variété Conférence) noircit, mais que les nervures centrales des feuilles restent vertes, vous êtes sûrement en présence d’une maladie physiologique appelée folletage.
- Le noircissement et l’arcure des extrémités des pousses du poirier, du pommier, du cognassier ou de l’aubépine peuvent être le fait d’une attaque de cèphe. Si tel est le cas, vous pourrez observer les traces en spirale caractéristiques laissées par les piqûres de l’insecte.
- Enfin, des bouquets floraux qui fanent et tombent en quelques jours sans exsudat peuvent être le fait de la moniliose, que l’on connaît aussi sous le nom de pourriture brune des arbres fruitiers.
Comment traiter le feu bactérien au jardin ?
Notez qu’il n’existe pas de véritable traitement curatif contre le feu bactérien. Comme vu précédemment, la lutte contre cette maladie passe principalement par la prévention.
Par ailleurs, détecter de façon précoce les symptômes de la maladie du feu offre plus de chances d’en limiter la propagation.
Intervenez par temps sec dès les tout premiers symptômes et supprimez régulièrement les parties infectées :
- coupez largement sous les lésions apparentes (entre 0,50 m et 1 m) ;
- brûlez-les sans tarder ;
- désinfectez vos outils de taille, mais aussi vos vêtements.
N’arrosez plus les parcelles infectées, stoppez tout apport d’azote, évitez de circuler dans cette zone, et surveillez les plantes sensibles environnantes.
En cas de nouvelle floraison sur l’arbre infecté, supprimez les fleurs et surveillez attentivement les nouvelles pousses de l’été.
Après la chute des feuilles, débarrassez l’arbre d’éventuels rameaux porteurs de chancres ou de feuilles sèches.
À noter : le cuivre permet également de limiter les nouvelles propagations. Un traitement antibiotique, sous l’appellation de streptomycine, est autorisé aux États-Unis et dans certains pays de l’hémisphère Sud. Ce traitement est toutefois interdit en France en raison des risques sanitaires qu’il représente.
L’arrachage, seule solution lorsque l’arbre est condamné
En cas de forte attaque, lorsque la maladie s’approche du tronc, vous n’aurez plus d’autre choix que d’arracher la plante affectée (il s’agit même d’une obligation légale).
Sachez que la bactérie Erwinia amylovora est abritée par les chancres durant tout l’hiver. Au printemps et durant la belle saison, elle se propage aux autres plantes grâce aux exsudats blanchâtres. C’est pour cette raison que l’arrachage de l’arbre ou de l’arbuste malade doit impérativement intervenir avant la fin du mois d’octobre.
Conclusion
Le feu bactérien est une maladie très grave pour laquelle il n’existe pas de traitement curatif et en cas d’affection forte, l’arrache de l’arbre devient même obligatoire. Pour protéger votre jardin, le mieux est encore de limiter vos cultures aux plantes résistantes à la bactérie Erwinia amylovora, et d’observer les gestes et méthodes préventives qui ont fait leurs preuves. Enfin, référez-vous impérativement à la réglementation qui a trait au feu bactérien.
Rédactrice depuis plus de 10 ans, on me définit comme éco-sensible, un peu geek, littéraire, amatrice d’Art et amoureuse du « beau ». Passionnée de botanique, je cultive mon jardin en permaculture et tends vers un mode de vie zéro déchet en accord avec mes convictions écologiques.